portrait de la jeune fille en feu scénario pdf

1. Je sais aussi que dans mon film il y a des signes extérieurs de modernité, par exemple elles mettent les mains dans les poches, ce qui fait dire à d'aucuns que je me suis amusée avec les silhouettes, mais en fait non : à l'époque les femmes avaient des poches, puis au XIXe siècle ça a été aboli, et la poche n'est toujours pas totalement revenue ! Portrait de la jeune fille en feu a reçu le prix du scénario à Cannes, ainsi que la « Queer Palm », créée en 2010 et destinée à récompenser une œuvre au thème altersexuel. En supprimant ce facteur, parce que ce sont deux femmes, il y a une dynamique d'égalité plus grande. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Portrait de la jeune fille en feu Il est alors question de posséder l'autre ou d'être possédé, de le hanter ou d'être hanté. Preciosa <3. Ensuite, quand je les ai réunies dans le même cadre, Adèle et Noémie, il y avait à la fois ce très grand contraste physique que je recherchais, et puis beaucoup d'égalité déjà entre elles, y compris l'égalité d'âge, de taille et d'intensité. Je n'en revenais pas qu'il soit possible de penser à cette scène en y intégrant un bébé, et que cette scène soit peinte. Céline Sciamma ne fait donc qu'adapter la problématique au XVIIIème siècle. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2019, il a remporté le prix du Meilleur scénario ainsi que la Queer Palm. 2. Est-ce qu'il y a une volonté de votre part de participer un peu à la création d'un « matrimoine Â», je dirais, d'histoires qui n'ont pas vraiment été très racontées avant ? Après Bande de filles, Céline Sciamma signe son premier film d'époque et nous offre une véritable leçon d'art sur le regard, le désir et l'émancipation féminine.Portrait de la jeune fille en feu est d'une beauté terrassante dans le fond comme dans la forme. Qu’auriez-vous envie de nous transmettre de cette expérience ? C'est peut-être à nouveau un cliché, ou une propriété ontologique du cinéma, mais cette relation fonctionne beaucoup mieux que les imbroglios scénaristiques du film. — être émue du souvenir (à partir de cette musique) ; 120 min. (rires) Vraiment, c'est Noël, il y a des bougies dans des bols pour faire le miroitement de la flamme, le plateau devient un dédale ! 4. Le combat contre le Male gaze doit être mieux formulé. 1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Portrait de la jeune fille en feu arrière. Le film en quelques mots. L'actualisation du mythe d'Orphée est quant à elle plus réussie et s'intègre parfaitement au récit de l'amour impossible qui se prolonge dans le souvenir de l'être aimé, celui qu'on a fini par regarder par-dessus son épaule avec la garantie de le perdre pour toujours. Il y a aussi la servante, qui se retrouve à égalité avec elles dans une dynamique de sororité. Et du coup c'était d'autant plus important d'en inventer une pour penser à toutes. Dans «Portrait de la jeune fille en feu», la cinéaste narre avec subtilité les liens affectifs entre une peintre et son modèle au XVIIIe siècle. J'ai peu de références, j'agis un peu en primitive, en candide, en me disant que le film doit créer son propre présent. n PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU is een tijdloos en universeel verhaal over verliefd worden, verlangen en de onmogelijke liefde. Céline Sciamma, la femme qui filmait les femmes, Pour Céline Sciamma, son cinéma ne s'oppose pas à celui de Kechiche. On a ces Quatre saisons de Vivaldi qui sont tellement puissantes. Quelqu'un m'a dit une fois « tiens c'est la première fois qu'Adèle Haenel, elle sourit au cinéma Â» (rires) ; mais pas du tout, mais c'est super qu'on ait l'impression que c'est la première fois ! Marianne va devoir la peindre en secret. Ce rire que le film ne lâche pas, tel un feu qui se propage, est la source de légèreté la plus convaincante que Sciamma trouve pour laisser entrer la vie dans ce monde désaffecté. It is an absolute masterpiece. C'est pour ça qu'on ne montre pas les hommes, parce que si on met un homme dans le cadre, on raconte d'emblée le cadre : le regard auquel elles ne peuvent pas se soustraire. Comme on le constate à plusieurs reprises, les analyses de la cinéaste ne sont jamais purement « formelles Â», et elles articulent constamment la « forme Â» et le « fond Â», le travail cinématographique et la réflexion sociétale, historique et féministe. Nous sommes au 18e siècle. PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU. 1770 : Marianne, peintre, doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, qui vient de quitter le couvent. Il s'agissait en particulier de combiner le point de vue cinématographique à une réflexion féministe et sociétale. C'est peut-être là une des meilleurs idées de Portrait de la jeune fille en feu : effriter progressivement un monde rigide par l'irruption de la légèreté, d'un simple sourire jusqu'au rire. Et le film il est pensé comme ça globalement, il essaie d'avoir un autre regard sur les choses y compris parce qu'il essaie d'engager votre regard autrement, et que vous vous sentiez autorisé, jamais voyeur, toujours avec, et que vous puissiez partager l'expérience plutôt que d'être purement dans des questions d'identification, qu'il y ait toujours de la place pour vous et que votre regard soit actif. Je voulais juste dire que j'ai été époustouflé par la photographie et par l'usage de la lumière, c'est remarquable. Après, on a encore ajouté là-dedans l'égalité intellectuelle ; elles sont toutes les deux intelligentes. Une analyse proposée par les Grignoux C'était la scène où il y avait le plus de monde, de figuration, on était là pour y croire, c'est une scène extrêmement difficile à tourner, parce qu'il y a une grue, il faut s'approcher, ça dure 2'50 et il faut avoir le point. 2. En plus, Adèle est « seule Â», moi je suis loin. Nous avons travaillé avec le regard bienveillant et expert d'une sociologue de l'art, plutôt que d'une historienne de l'art, pour fabriquer très précisément la sociologie de ce personnage, qui est totalement « dans les clous Â» de son époque. Je ne dis pas que c'est inexistant mais c'est rare. ActeursAdèle Haenel, Luàna Bajrami, Noémie Merlant, Valeria Golino. L'analyse proposée ici se base sur une rencontre avec la cinéaste Céline Sciamma à l'occasion d'une avant-première de son film, Portrait de la jeune fille en feu, au cinéma Sauvenière en septembre 2019. « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma Prix du scénario au Festival de Cannes 2019 et 11 nominations Pour son 4ème long-métrage, Céline Sciamma nous raconte avec une infinie délicatesse une histoire d’amour impossible. Le cinéma c'est ça aussi, on aime bien les comédies romantiques où les gens se rencontrent dans l'ascenseur, il est beau, elle est belle, et on part tout de suite sur le principe du coup de foudre, on ne cherche pas à comprendre ce que c'est que de tomber amoureux de quelqu'un, qu'est-ce que c'est que la montée d'un désir, qu'est-ce que c'est qu'admirer la pensée de quelqu'un, son dialogue, sa répartie. Des brasiers sauvages apparaissent par moments sans être immédiatement éteints et transformés en discours pesants. Et une façon de collaborer, d'être assez solidaires. Je me demandais si vous plongiez Adèle Haenel dans cet univers musical au moment de tourner cette scène, pour qu'on ressente à ce point cette communion avec la musique ? Après, ça reste du cinéma, c'est-à-dire que pour filmer quelqu'un dans un siège on va mettre deux personnes à côté et puis on a un peu inventé au son. Mais la légèreté est aussi et à nouveau un cliché du genre (dont le meilleur exemple récent serait Phantom Thread de Paul Thomas Anderson). Dissimulé derrière la précision d'une mise en scène aussi patiente qu'étirée et l'étiquette du film d'époque (il se déroule au XVIIIème siècle), il y a un film-monstre à cinq têtes. Aurait-elle alors vu beaucoup trop grand en voulant réaliser un double film-somme, celui de sa propre filmographie et de ses convictions féministes ? Bande de filles (Festival de Cannes 2014 – Quinzaine des réalisateurs, film d’ouverture) puis Portrait de la jeune fille en feu (Festival de Cannes 2019 – Compétition, Prix du scénario). Parce que ça se dévoile comme plan de cinéma. Vous disiez que quand vous aviez filmé vos actrices vous aviez le cœur qui battait et c'est vrai que, par exemple, la scène finale est vraiment époustouflante au sens littéral du terme, elle est très prenante, très émouvante. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne doit peindre le portrait de mariage de la belle Héloïse. Le film démarre sagement puis bouleverse par sa mise en scène des rapports de pouvoir et de désir inscrits dans les regards. En même cette scène, elle fait pivot, le film bascule ensuite dans un autre rythme et ne s'arrêtera plus, et, en même temps, il fait silence. C'est très rare qu'un film européen raconte les relations entre femmes de cette manière-là, sans tomber dans les clichés. Alors que celles-ci sont en effet orientées par le point de vue des journalistes spécialisés, il s'agit ici de favoriser l'expression de personnes dont les préoccupations individuelles et sociales sont multiples et diverses. Tu avais bien expliqué, quand tu étais venue présenter Tomboy, comment on travaillait avec les enfants, l'importance du jeu, et l'abandon du dispositif un peu formel lié au fait de filmer (pas de clap, etc.). avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami, Valeria Golino Après Bande de filles, Céline Sciamma signe son premier film d'époque et nous offre une véritable leçon d'art sur le regard, le désir et l'émancipation féminine. En parallèle à son travail de réalisatrice, elle a notamment écrit les scénarios de Ma vie de Courgette de Claude Barras (Festival de … S'enflammer serait en plus le dénominateur commun de toute l’œuvre de Céline Sciamma. D'abord on pense que cet endroit est désert (cette île donc) et puis on se rend compte qu'il y a des femmes, qui surgissent, et puis on est complètement enveloppé, l'espace du film change totalement à ce moment-là, au moment où ces femmes se réunissent. Cette scène, c'est un plan-séquence et je n'ai pas donné beaucoup de consignes à Adèle. Les processus d’identification sont évidemment variés et complexes. Avec cette scène, effectivement, cette île, cet endroit, on regarde les choses de façon très concentrée. Il peut s'agir d'idées (au sens large) mais aussi de tout ce travail en amont qui se fait de manière souvent intuitive, sur le moment, mais qui permet de comprendre les choix effectivement posés. Marianne va devoir la peindre en secret. Cette analyse est également disponible gratuitement au format pdf. Chaque cadre semble avoir été conçu, pensé selon l'esthétique des canons de l'époque. do 9 vr 10 … On l’introduit en tant que dame de compagnie pour regarder Héloïse et la peindre la nuit. ( ATTENTION ! Portrait de la jeune fille en feu Après Bande de filles, Céline Sciamma signe son premier film d’époque et nous offre une véritable leçon d’art sur le regard, le désir et l’émancipation féminine. Et comment vous avez construit cette scène, qui est risquée, puisqu'on passe du désert au peuplé, ça aurait pu faire « fausse note Â» et puis pas du tout en fait. Ensuite il y avait l'idée qu'on la représente (la scène de l'avortement) dans le film lui-même, et qu'on voit la peintre peindre la scène (d'ailleurs c'est Louise, la servante, qui dit à la peintre « regardez Â» pour pouvoir le représenter plus tard). Quand les interprètes sont solidaires, elles peuvent prendre plus de risques. À un moment elle regarde Héloïse, puis à un moment c'est vous, vous êtes dans ce siège, vous êtes au spectacle et c'est vous qui regardez Adèle Haenel qui joue cette scène, parce que c'est du cinéma, et alors qu'elle est émue par la musique, vous êtes émue par l'idée du cinéma. Avec peu d’effets, des décors épurés, une quasi absence de Ça faisait partie du plaisir d'aller dans le passé que de lui permettre de composer parce que c'est une actrice d'une intelligence et d'une technicité folle. La réalisatrice met très finement en scène, au-delà de l’amour, deux manières de faire avec la question sexuelle, deux bouts de parcours qui, mis au travail en cartel, à la lumière des textes, permettent de cheminer vers les Journées. Réalisation Céline Sciamma 2019 | 122’ | Drame, Romance | France | Sous-titré en portugais. Est-ce que vous voulez constituer un corpus pour l'avenir ? Comme on le devine, cet échange avec la cinéaste Céline Sciamma aurait pu encore se prolonger, même si la soirée était déjà bien avancée. Il se déroule en deux temps, un temps de parole entre l'animatrice et la réalisatrice, et un temps d'échange entre la salle et la réalisatrice. Festival de Cannes 2019, Prix du Scénario. Il faut pourtant reconnaître que le scénario n'étouffe pas tout. Ici, le spectre n'apporte aucun horizon ni sens, il ne fait qu'apparaître, comme si Portrait de la jeune fille en feu devait absolument s'étendre au monde des fantômes. On était dans un château qui était classé : nous ne pouvions donc pas accrocher de projecteurs et devions tout éclairer par l'extérieur, avec des plateformes, des grues, c'était Hollywood ! L'amour rendu impossible entre deux femmes d'origine et de classe sociale différentes est rapidement pressenti. Or, ce n'est pas un regard sexualisé qui guide forcément en premier lieu le spectateur mais l'expérimentation d'affects et leur degré d'intensité. Il y a des scènes de clair-obscur magnifiques, et dans la journée, le soleil qui caresse les cous, c'est superbe. *Il a obtenu le Prix du scénario au Festival de Cannes 2019. Portrait de la jeune fille en feu. Portrait de la jeune fille en feu * 2. Portrait de la jeune fille en feu rouge. En effet, s'il est bel et bien question de cinéma, ce cinéma est ici parfaitement contextualisé : il s'agit d'expliquer comment on le fait, mais aussi pourquoi on le fait, ce qu'on tente, à travers un geste artistique, de dire, de bousculer, de penser. Accepter   Trop puissant. Cette avant-première illustre parfaitement le type d'échange qui suit une projection et en est un brillant exemple. Cette scène est pensée comme une scène du quotidien, une scène de fête, des femmes qui se retrouvent dehors, et comme il fait froid elles font un feu. Et puis, le film serait quelque chose qui se dit en 2019. Si vous avez aimé son travail, il y a le film Atlantique de Mati Diop qui va bientôt sortir. Mais moi je voulais les montrer au travail et qu'elles soient concentrées. Et ça, je crois que ça opère. Le film de Céline Sciamma fait événement, il a reçu le prix du scénario au festival de Cannes et au … Marianne doit la peindre en secret. Moi j'aime penser les fins des films comme quelque chose, plutôt qui se rapproche d'elle, comme quelque chose qui se rapproche de vous, où il y a de la place pour vous. Co-fondateur et rédacteur du Rayon Vert. On a décidé de donner beaucoup de temps – c'est-à-dire au cinéma, de moyens – à cette lumière. Écrit et réalisé par Céline SCIAMMA - France 2019 2h - avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luana Bajrami, Valeria Golino... Festival de Cannes 2019 : Prix du Scénario. Portrait de la jeune fille en feu. Le travail de l'animatrice a consisté à lancer la discussion et surtout de solliciter le public pour susciter un dialogue approfondi autour du film dans ses différentes dimensions. Et puis, en cinéma, et c'est ça qui est beau, c'est qu'on doit inventer des choses, des dispositifs pour faire de la lumière. Pour ma part, je fais quand même un film au présent, et ce n'est pas pour relativiser ce que je dis mais pour aller complètement dans ce sens-là. Et donc il n'y avait pas d'orchestre, mais il y avait la bande-son. On peut en effet la louer d'avoir réussi à emballer de cette manière la lourdeur de son scénario. Qui ne montrent que des princesses blanches, belles et jeunes à sauver, des héros blancs, forts et puissants à aimer ». 5. Sciamma appuie lourdement cette idée en faisant apparaître plusieurs fois à Marianne le spectre d'Héloïse. Vous savez le flou, au cinéma, il y a quand même toujours un type qui est là pour calculer la distance entre l'objectif et le personnage, c'est pas automatique, donc sur des plans comme ça c'est balaise d'avoir tout le temps le point. PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU. D'où vient ce champ, cet espace ? Cette page est une archive !) J'avais envie de faire une histoire d'amour basée sur de l'égalité. Oui, avec cette scène de l'avortement, il y a deux choses que je voulais dire et montrer. Là-dessus, il y a eu la décision de ne pas ajouter une dynamique de classe, alors que bon, elles ne viennent pas du même milieu, bien que chacune ait eu accès à l'éducation. ActeursNoémie Merlant, Adèle Haenel, Valeria Golino, Luàna Bajrami, « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma : Pyromanie fumeuse. On aurait pu prendre une de ces deux peintres et demi qui ont « survécu Â», c'est-à-dire qui sont passées à une relative postérité, comme Élisabeth Vigée Le Brun ou Artemisia Gentileschi (enfin ça c'était quand même un peu avant), prendre leur corpus, et faire un biopic. Je lui ai juste dit à un moment qu'il fallait qu'elle ferme les yeux, et à un autre moment qu'il fallait qu'elle prenne une inspiration. Je veux vous rendre hommage, vous avez fait un chef-d'œuvre, vous avez mis tellement de poésie, d'émotions, c'est extraordinaire, je suis ébahie, c'est tellement magnifique, je ne sais pas quoi dire. Portrait de la jeune fille en feu est le quatrième long-métrage de Céline Sciamma en tant que réalisatrice. Merci, on a beaucoup travaillé pour faire cette lumière, et évidemment, c'est le travail de la cheffe opératrice, Claire Mathon. Et je me suis dit que le vôtre aussi, possiblement. On peine alors à comprendre ces mots de Céline Sciamma dans Le Monde : "J’ai passé ma vie à aimer des films qui ne m’aimaient pas »(1). Elle a aussi travaillé comme scénariste sur Ma vie de Courgette, de Claude Barras, et Quand on a 17 ans, d’André Téchiné.En Compétition au Festival de Cannes, Portrait de la jeune fille en feu … Ça participe aussi à une forme de soulagement de cette scène. Pourtant, elles ont l'air d'avoir fait plus que ça. Refuser, Ecran large sur tableau noir : séances scolaires, © 2021 CENTRE CULTUREL LES GRIGNOUX ASBL -. Portrait de la jeune fille en feu est d’une beauté terrassante dans le fond comme dans la forme. Il y a un courant à l'heure actuelle qui va vers ça, par exemple sur Wikipedia, un courant très organisé, public, qui cherche à créer un maximum de fiches de femmes qui ont compté. L'actualisation du mythe d'Orphée qui infuse tout au long du film en est peut-être le plus puissant. La mise en scène de Sciamma joue des coudes avec le scénario asphyxiant. 1770 : Marianne, peintre, doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, qui vient de quitter le couvent. Céline Sciamma filme la naissance du désir, le sursaut amoureux, la tension érotique en toute subtilité. Mais l'amour comme embrasement n'est-il pas encore un cliché tenace et artificiel ? Tout ça, ça change un peu quand même au cinéma – ce n'est pas uniquement pour être politiquement impeccable, bien que ça fasse du bien, c'est une nouvelle sensation – parce que ça renouvelle les dynamiques de dramaturgie, de tension entre les personnages et que, dans cette question d'égalité, il y a pour vous, spectateurs, de la surprise, parce que ce n'est pas déjà écrit, on n'est pas dans les rythmes de l'habitude, on n'est pas dans des échanges prédéterminés par mille choses, y compris parfois notre appétit pour répéter des situations dans lesquelles on se sent bien. Qui, je crois, dans les salles que j'ai rencontrées, est toujours très intense, parce qu'il y a une qualité de silence incroyable et que ça fout la pression, quoi ! Le désir, la création, l’émancipation, filmés avec autant d’élégance que de lyrisme » Télérama. Moi, je suis obsédée par les récits et les images qui nous manquent, et donc il faut aussi que ces images soient inventées, pour ne pas travailler uniquement sur l'histoire de l'art. Parce que je suis sûre que tout le monde pense à quelqu'un, et ça c'est beau. 1. Ce point de vue de l'auteure n'est pas en outre explicité en tant que tel dans le film et doit être inféré par les spectatrices et spectateurs. Mais le côté destin exceptionnel d'une femme qui a renversé toutes les barrières, moi j'en ai un peu marre. Parce que leur histoire elle ne peut exister qu'à l'abri du monde. Pour reprendre un dialogue entre Marianne et Héloïse qui a lieu lorsqu'elles prennent une sorte de drogue pour faire durer leur moment d'amour (signe là encore de la lourdeur du film, qui a besoin de tout surligner de peur de rester inaudible), Sciamma pratique un allongement du temps.

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